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cafardages
14 octobre 2017

Burn épisode 3

 La suite de notre série signée Bass Blender.

 Dessin-guichet-prefecture_largeur_760

Burn in October 14 l’histoire de Bernard Retrand

 Depuis l’OktoberFest, Bernard Retrand a fait du chemin, dans un sens davantage pragmatique que spirituel. Il s’est décidé il y a un peu moins d’une semaine à rentrer sur Paris en Please HELP Brouette Bourrée STOP, la mort dans l’âme car sans sœur. Depuis ce matin, il déjà fait la liaison de Sarrebourg à Strasbourg en six petites heures, notamment grâce à deux camions, même si cet itinéraire ne l’arrangeait que moyennement. On ne choisit pas en PHBBS, on dispose. Stressé de s’être remémoré que le 16 octobre c’est la captation des dix prochaines émissions des Chiffres et des Lettres, il faut qu’il soit aux studios pour dix heures, et là, si sa brouette est crevée, lui est exténué. L’équipe tourne deux jours à la suite deux fois par mois, si cela justifie la paie, il faut tout de même y être, et ce pour Bernard, depuis plus de quinze mille jours déjà. C’est la moindre des choses à six mille deux par mois, ce n’est quand même pas sorcier. Dis-nous Jamy, ils vont où les impôts ? Ou bien chantons « Ils vont où les impôts, ils vont où ? Ils vont là… »

- J’vous laisse là Bernard, vous êtes devant, prenez un train et continuez à nous faire rêver ma femme et moi.

- De toute façon j’ai plus le choix, merci Gilbert de m’avoir poussé jusqu’ici, j’crois qu’il est temps, hou vains dieux… D’quitter ma bonne vieille bourrette… Dites le bonjour à votre dame, content de vous avoir appris pour trottinette.

- Ah elle sera ravie de l’apprendre pour trottinette, ça c’est sûr… Bon, puis bien mes bonjours à Roland Méroujko, Ariel Bourrin-Plat et Paëlla, elle rentrera ne vous en faites pas. Bonne route Bernard !

- Salut Gilbert, à plus. Et merci !

- Ouaich’ gros c’est toi qui résolves les calcaux quand chui décalqué d’vant la télé d’chez Mémé. Qu’est-ce que tu fous ici, t’as cru c’était la butte de Chaumont ou quoi ?

- Nan nan j’rentre de fest, a bu plein de bières, des gros nénés de dondons blondes, tout ça… J’viens de faire un bout de parcours en PHBBS, pis là j’vais prendre un train p’t’être, et vous ?

PHPVBBS ?

- Oui, bah en Please HELP Brouette Bourrée STOP, j’étais pas beau à voir en même temps, tu ne connais pas ? C’est sur Internet pourtant.

- Bah sur internet j’ai suivi tes déboires là-bas, mes potes les plus raides te jugent, même Juan c’t’épave il a dit miskine ! Par contre, on m’a jamais rencardé sur PBHBS ou quoi ? J’avoue j’connais pas, mais j’préfère RouyBus.

 - J’te laisse j’ai à faire, j’bosse dans deux jours, j’sais plus où j’suis. Tu le sais toi que trottinette c’est le seul mot de la langue française avec cinq T ?

 - j’m’en balek’ mec de trottinette, c’est pas avec toi qu’j’vais arrêter de casser des gueules ou quoi ? Hé dis-moi, et dans l’taratatadutroutdculdtatata y’a combien d’T ?

 Un coca (1€50), un caca (0.20€) et un cocard (gratuit) plus tard, Bernard s’invite poliment au guichet entrefermé derrière lequel, sous un képi mou mais képi tout de même, un type semble adossé. Bernard tapote.

- ‘soir M’sieur, j’peux vous aider.

- Pour aller à Paris, bonsoir.

- Quand ?

- Nan Paris, maintenant si possible ?

- Ah non là, le dernier est parti y’a près de vingt minutes…

- Bah comment je fais moi ?

_ La question n’est pas comment mais combien ! Si vous prenez un tacot, vous allez en avoir pour trois-quatre cent balles, sinon vers minuit j’ai un pote qui peut vous covoiturer jusqu’à Montargis m’sieur Retrand, j’vous ai reconnu, et sinon il reste le dernier train dans dix minutes pour Culmont-Chalindrey, et là y’a les RouyBus.

- Les RouyBus ?

- Vous connaissez pas RouyBus, vous avez pas Internet ou quoi ?

- Ah vous aussi vous dites « ou quoi » ? Vous n’allez pas me taper hein, j’espère. Bon sérieusement RouyBus c’est quoi ?

- C’est un bus de dégustation fromages et vins, mangez-malin-voyagez-plein ! Ça cartonne pas mal, ils font des liaisons nocturnes sur les grands axes, on se met bien, on fume on boit on mange du Rouy, pépère coi.

- Et c’est dans dix minutes ?

- Minute dandy, c’est le train pour Culmont qu’est dans dix, après à la gare de Culmont-Chalindrey t’auras le RouyBus à deux trente-cinq du mat’ et il arrive Porte de Vanves à la demi de six tu vois, t’arrives, y f’ra à peine pas jour.

- Alors j’vais prendre un billet s’il vous plait.

- Reminute papi, moi j’peux te vendre que du rêve à c’t’heure-ci, donc un Chaumont//Culmont, pour le bus faut que tu télécharges l’appli sur ton portable.

- Mais j’l’ai perdu dans un fût mon smartphone !

- Pardon ?

- Ça fait plusieurs jours déjà… C’est mon train qui arrive ?

_ Bah ça va être le train des autres si on s’magne pas.

- Et si vous me prêtiez le vôtre et que j’vous le remets par la Poste en arrivant, donnez-moi votre adresse ?

- D’accord, vous pouvez saisir votre code.

- Nan, j’paye en liquide, j’ai perdu ma carte aussi.

- Merci. Voilà votre billet, la monnaie, mon Iphone et mon adresse.

- Ah t’habites Bichkek !?

- Oui j’suis en stage d’été-automne et j’rentre au pays bientôt.

- Bah tu ne parles pas si mal du coup.

- Merci. Le temps que le colis arrive, je serai rentré donc ne m’oublie pas. Bonne route !

- T’imagines un RouyBus qu’irait jusqu’au Kirghizistan, ça serait finement bien ! Prends soin de toi Ikzarhm, merci pour tout.

- Ikzarhm, c’est un H muet. Bon pis au cas où, y’a mon poto qui va à Montargis, allez ciao !

La dernière fois que Bernard a couru après un train, c’était pour ses premiers congés payés, l’été de ses vingt ans alors il s’en souvient… Avec Paëlla, belle comme jamais, ils étaient allés en villégiature à Mouilleron-le-Captif, là, il avait couru comme jamais. Sans savoir comment expliquer par quel miracle il attrape le train, car il a pris au passage des coups de pied au cul, et à regret, a concédé sa brouette au quai, il y est. Après avoir pris place direction Culmont, il lui faut encore réserver un billet de bus avec le téléphone d’Ikzarhm, même si en premier lieu, la tentation est grande d’appeler avec le téléphone d’un autre sa sœur Paëlla. Pour cela faire, Bernard étant largué concernant les technologies modernes, il sollicite un jeune homme casque vissé au crâne aux yeux noyés dans un écran de taille portative, et ayant appris d’emblée avoir affaire à un Erasmus, Bernard a proposé que chacun s’exprime dans la langue de l’autre afin que tout le monde progresse. L’étudiant accepte de l’aider, ainsi que de jouer le jeu.

- Do you know how to buy a RouyBus ticket ?

- Ben oui m’sieur Retrand, mais c’est vous qui poqué comme ça ? On ne risque pas de vous perdre là. Donnez-moi votre téléphone, j’vais vous montrer, il vous faut le RouyBus de deux trente-cinq c’est ça ?

- Yes, how you know ?

- Bah y’a qu’un Rouybus qui passe à Culmont, tout le monde sait ça. PrivenGarden, VieillePie, SpeedVomit ou Rouyzy ?

- Houat ?

- Pour le billet, quelle formule ?

_ PrivenGarden, is it expensive ?

- Bah regarde, 119.

- And Rouyzy 19. Hum, I will not choose VeillePie but I don’t take the cheaper tout de même, I do five days of brouette, that’s enough. So I go to Paris with SpeedVomit for 54€ !

- Soit. Faut que vous rentriez vos codes bancaires.

- But I lost my credit card.

- Ah bah ça va pas le faire alors.

- And if I give you sixty euros, you can use your card.

- Mais carrément y’a aucun souci bien sûr, enfin si, j’vais pas avoir de monnaie par contre, vous n’auriez pas l’appoint ?

- No, I have only deux euros vingt en monnaie, but nervermind. You’re strong in business…

- Ah d’accord. Bon voilà c’est fait, vous présenterez ça au conducteur en montant dans le bus.

- I’m happy, I’m so glat, I’m so prout of you, thank you !

- Il vous manque pas des D là ?

- Who’s Dédé ?

- Nan, il ne vous manque pas des D pour prout et tout là ?

- Ah cette foutue barrière de la langue ! Tu ne dois pas exprimer exactement ce que tu veux dire et du coup je ne te comprends pas… C’est pas grave, tu ne manques pas d’aider ton prochain en tout cas. Je te remercie, je vais récupérer le portable d’Ikzarhm et te laisser te replonger dans ton univers virtuel, comme ça je vais pouvoir enfin joindre Paëlla

- Paëlla ?

Bon gré mal gré, arrivé finalement plus à Culmont qu’à Chalindrey, la pérégrination statique, zéro degré au pied levé de ce dimanche nouveau. Demain lundi, les enregistrements d’émissions angoissent par avance Bernard, ça pourrait se voir qu’il a la moustache en berne. Seul, attendant le RouyBus reliant Milan à Copenhague, apparemment en retard, on l’a informé qu’il patiente au bon endroit et que le car a souvent du retard puisque les gens sont un peu nauséeux et que les haltes aux aires sont légion afin qu’ils se désaltèrent, et surtout pissent ailleurs que dans le seul gogue du bus. La lutte pour ne pas pioncer fait rage, quand le bus sera là, il va falloir penser à boire et manger le Rouy lui a-t-on dit. L’abribus en face de la gare est salopé par quelques bites, aussi, il y a ce texte que Bernard peut lire plusieurs fois :

À ces chiens, beaucoup s’échinent

À assigner, sur de dures

Et foutues, pointues machines,

Mômes d’or de la soudure

 

À saigner sur du papier

Pour milliard de fois un sou

Cette histoire nous fait pitié

La réalité de nous

 

Tousser tous ces chants d’épines

Lundi, c’est l’heure sept heures,

Servant, de drame en racine,

La monnaie avec honneur

 

Janvier déguisé en vieux

L’indice est leurre et ce heurt,

L’âme au nez, t’échappe ! Mieux,

Touche et ta mère, et ta sœur

 

Jamais empire n’est clean

Sang décline à la nommer,

Signant à l’encre de chine,

Que tue le corps la Monnaie !

 

Vous le savez, on arrête.

En échange on édulcore,

On chauffe, on réduit, l’air bête,

On recharge, on sèche encore…

Bernard aime bien la poésie, mais celle-là, pas trop. Paëlla n’est même pas sur son répondeur, il espère que tout va bien pour elle mais cela semble difficile à croire, tout comme l’idée qu’elle ait pu résilier sa ligne, c’est sûrement parce qu’elle est à l’étranger se dit-il. La casquette est encore vilaine, même s’il est resté sobre aujourd’hui. Ses costumes ne vont pas être impec’ ce qui n’est jamais arrivé, cela rajoute aux tourments du moment. Le car arrive, il va falloir faire appel à un serrurier à l’arrivée, pour ne pas dire tout, Bernard sait qu’il a perdu beaucoup, y compris ses clés. La déprime guette. Son cœur se réchauffe quand, en montant, un « Ouais ! » unanime et enthousiaste lui parvient, il pense d’abord à un accueil classique de gens triviaux avec un coup dans le nez, mais s’aperçoit très vite que ses frasques bavaroises le rendent populaire auprès de certaines personnes ayant un certain sens de la fête. Au bout du compte, si Bernard a apprécié son expérience en RouyBus, il regrette de l’avoir faite en SpeedVomit. Par conviction il n’a pas voulu d’une place en PrivenGarden, par vanité n’a pas choisi VieillePie ou Rouyzy, mais à l’avenir s’il voyage à nouveau en Rouybus, ce sera en PrivenGarden, comme quoi les convictions… Vanves, huit heures, finalement il fait jour, ce n’est pas gagné qu’il retourne à l’OktoberFest l’an prochain.

A SUIVRE bien sûr

Et si vous avez raté les précédents, pas de problème, suivez le guide là-dessous

Burn épisode 2 - cafardages

Ce samedi, épisode 2 Chaque année, Bernard Retrand s'organise avec France TV pour se dégager le planning le plus aéré qui soit durant la période de l' Oktober Fest. Traditionnellement ce festival s'ouvre à la mi-septembre, et entre deux captations des chiffres et des lettres Bernard profite depuis déjà deux semaines de sa notoriété davantage remarquable ici qu'en son pays.

http://cafardages2.canalblog.com

 

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Commentaires
B
Un poème époustouflant et perspicace ...Merci les Caphys ....Beau dimanche à vous
Répondre
C
Bernard Retrand...mouarf mouarf !!!<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
Répondre
J
;-) waouh le poème...
Répondre
cafardages
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